A supposer qu'il fasse chaud un jour
A supposer qu’il fasse beau un jour,
ce que ne prédit pas l’omniprésente météo,
qui se targue pourtant de savants satellites,
qui savent cerner et cercler l’anti-dépression
en émouvantes arabesques mouvantes,
éprouvantes quand elles s’oublient
pour pleuvoir sur nos parapluies
ouverts en signe de reddition,
je ne claquerai plus des dents
et mon sourire pourrait s’épanouir,
sans se faire renverser par la volte face
d’un fol Eole désorienté
par les bourgeons gelés
les veaux sevrés,
les lunes déphasées
et les saintes glaces expiées,
sous les vagues de chaleur
d’un soleil brandi comme une menace
pour ma peau qui lui rend grâce
de faire fuir la poule
pour la pose du lézard,
où je me glisserai pour contraindre la pierre,
qui enserre le coeur du temps,
de se figer dans l’écarlate,
dans l’écrevisse,
dans la moiteur et la sueur
qui s’écoulerait le long de mes reins
et m’offrirait la plénitude de l’instant,
la caresse de l’infini,
la splendeur de l’éphèmère,
la saveur de l’enfer,
pour me bannir du froid
qui me contraint à frissonner
devant sa longévité,
devant sa persévérance
à forer ses marques
sur une terre qui veut se réveiller,
semer, s’aimer, germer,
s’étendre vers le ciel,
décrocher les nuages,
secouer les zodiaques,
museler les prophètes,
négliger les consignes,
sentir l’éventail des orteils,
humer le sacrifice des corps
et s’éteindre s’il le faut
sous les feux des volcans
plutôt que sous une chappe polaire,
sous des effets de gaze
plutôt que sous des pulls en laine,
crâmer plutôt que se geler,
et pouvoir me plaindre qu’il fait trop chaud.