Frêre Nenni ou la foi contre le droit

Aujourd’hui, je me suis inspirée (sans m’étouffer dans mon orgueil) de Hernani de Victor Hugo (acte I scène IV)

Monts d’Olivier ! Calice ! Extrême onction !

Oh ! Supplice, vie, mort : refrains de religion !

J’ai prié pour être bon, pour ma foi, pour mes torts ;

J’ai combattu l’impie et les athées butors.

Je suis le plus vaillant de la saillante Eglise.

Ils ont torts s’ils pensent et vivent sans devise.

Tous doivent se coucher, en faute, devant Dieu,

Si leurs âmes s’ouvraient, ils verraient le Ciel bleu !

Voilà ce que je sais de la voie que j’épouse !

Est-ce une destinée à brouter les pelouses ?

Tout dans le don de soi, où l’enfer brûle en moi !

Le Bien ,c’est ce que professe ma propre foi !

Mon but est de sauver, et ce quoi qu’il advienne,

Tout nous quitte, sauf l’espoir qu’à la fin Son Jour vienne,

Douter nous rend si seul. Donner sa confession,

Ce n’est se faire aimer, c’est vivre Sa passion !

Oh ! J’ai pitié des fous croissant dans le mal-être,

Croyant qu’un ceint turban leur ouvre la fenêtre

Qui, grâce à la guerre, les mène au paradis.

Détrompez-vous. Je suis le Verbe qui dit !

Agents aveugles et sourds aux mystères de l’Amour,

Ils sément le malheur, récoltent le tambour !

Qui suis-je ? Je ne sais. Mais je veux repousser

D’un souffle impétueux les décrets insensés.

Je descends dans la rue, un vote ne m’arrête,

Si la République ose chérir la Bête,

Moi je lui dis : Crève ! Car tout n’est pas permis

Avec l’image de Dieu, surtout la sodomie !

Chasteté est mon lot, que les gens malades

Vivent l’honnéteté, cessent leurs oeillades !

Oh ! Qu’ils se détournent de leur désir fatal.

Pour le bien de l’Enfant, il faut faire le Mal !