Le chariot
Un chat gris enroulé sur un fil,
A la lisière entre l’ombre et la chaleur,
S’épanche sur des carreaux immobiles,
Ses griffes apaisées par un règne en leurre.
Un chat blanc, par la nuit, confondu,
Frotte de ses yeux perchés solvable envol,
Grouillant plafond et leste déconvenue,
Territoire ingénu aux murs camisoles.
Un chat roux, sans vertu ni tabou,
Grince ses pattes sur un placard blindé,
En proie au style aise à tenir en joue,
La queue altière dans sa chute guindée.
Quelques coussinets indélicats,
Pestiférés d’un paillasson monacal,
Sursautent, s’enfuient, se carapatent,
Lorsque s’essuie l’aventureuse sandale.
Le gond somnambule s’en défend,
Il ne s’ouvre qu’au jour, songeant aux deux mains,
Nécessaires futiles, qui se tendent
Pour reformer soudain les clauses du domaine.
Une fente aux lèvres d’expédients,
Gorgée de bulletins, nourrit la frayeur
Confidentielle des chasseurs de fientes
Et le dos rond foudroie l’ennemi de l’heure.
Un hochet clinquant pour objectif,
Un bâillement très convainquant pour départ,
L’ennui est long jusqu’à ce qu’il se rebiffe
En luxueux voluptueux tintamarre.
Parfois museau se colle au jardin
Où pépient marabouts, vautours et griffons,
Où sifflent canons, flèches et guillotines,
Etouffés par le moelleux de coussins aphones.
Parfois bout de ficelle se perd
Dans le repaire abyssal d’un siège obscur,
Où dépits brefs et abandons prospèrent,
Pendant que s’avance joueuse chaussure.
Parfois le fauve sort du carton,
Ensorcelé par le sel de l’étalon,
Fanfaronne, s’époumone, ronronne,
Avant de cracher boule de poils brouillonne.
Par les longs soirs d’hiver, sur un fauteuil
Piétiné, éviscéré, apprivoisé,
L’infime crépitement se recueille,
Suspect d’être l’annonce d’un mausolée.
Lorsque se réchauffe le soleil,
Etoilant de reflets le fourbe intérieur,
Fourrure et vermifuge s’émerveillent :
Ce qui soulage rend litière meilleure.
Un grand fracas, suivi d’hurlements,
L’oreille en coupable, émerge un fugitif,
Glissant, cognant, heurtant les mœurs clémentes,
Pour se terrer dans les hauteurs combattives.
Pansant son crime par le mépris,
Il lèche sa faim sous les coups des regrets
Lui vouant typhoïde et gémonies,
Avant qu’un câlin n’efface la logorrhée.
La scène identique se produit
Avec le pardon pour principal acteur,
Chacun sait sur quelle corde s’appuie
La partition entre le maître et la demeure.
Pendant l’entracte, chacun sourit,
La moustache envahie de tics nerveux,
De puces affairées, de croupes ahuries,
Epicentre de cette chiche banlieue.
Un collier soyeux, marque de pli,
Vœu de guerre, émoi parmi d’autres, brûlant,
Contraint l’appartenance à l’embellie
Et le miaulement à la manne galante.
Guère moins de trois par charité
A chapitrer, à se chamailler, à châtier,
A chatouiller leur robe chamarrée,
A s’écharper en pelotes désaffiliées.