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Je lis,j'écris,je ris...ou pas
21 août 2019

Mes tâches de vieillesse

Celle-ci ressemble à un mari jaloux un jour d’abstention,

Les cheveux électriques, le nez pincé, triturant violemment la télécommande.

 

Celle-ci à Thérèse après l’annonce de sa béatification,

Partagée entre la joie expansive et la responsabilité gourmande.

 

Et là un distributeur de billets à court de munitions,

Sachant que seule une nouvelle tournée sera son antidote.

 

Je verrai dans celle-ci un elfe aux oreilles pointues d’inattention,

N’exauçant les vœux que par méchanceté et incompétence.

 

Là, un type déguisé en grec avec fustanelle et conviction,

Injurié de raciste par un public gage de bienséance.

 

Ici, tout un ensemble de pavillons en voie de gentrification,

Pelouse impeccable, parabole camouflée, alarmes à tous les étages.

 

Celle-là me rappelle les jours de pluie quand ne passait à la télévision

Qu’un reportage que la harengaison alors que maman préparait son fameux potage.

 

Celle-ci a été victime d’un incendiaire, un pompier en perdition

Qui a essayé d’éteindre le feu mais n’a fait qu’aggraver son crime.

 

Celle-ci a l’air d’une piscine où pataugent, sans autre émotion

Qu’une joie suspecte, une, deux..cinq méduses peu convaincantes.

 

Tiens, celle-là s’est badigeonné de khôl pour souligner son imperfection.

Elle aurait pu faire l’effort de se rosir les joues, elle est navrante.

 

J’aime bien celle-ci. On dirait qu’elle a reçu une contravention

Pour stationnement et que ce litige l’afflige parce qu’elle a pris la meilleure place.

 

Celle-là ne m’inspire rien. Elle est laide, trop elle-même, fait punition.

Je voudrais qu’elle disparaisse, les autres aussi, mais je peux faire face.

 

Tu vois, je l’ai blessée, elle semble maintenant brandir un nunchaku, comme un espion

Qui essayerai de se fondre dans la graisse avant de céder à la rage.

 

Je ne sais pas si je dois être fière que l’on puisse passer à l’action

Pour défendre l’honneur de figurer sur mon panthéon et d’empirer mon hommage.

 

Celle-ci a une tête à ne pas attendre les réponses à mes questions,

Rigide, implacable, étroite, incapable de se détacher de la ligne.

 

Si je devais choisir un réassortiment, chacune aurait pour fonction

De me rappeler celle que j’ai été, celle que j’aurai pu être et celle dont j’aurai été digne.

 

Celle-ci émet tellement de bruits dans mes veines, tellement de frictions

Que même un sonomètre ne saurait l’empêcher de dépasser la mesure.

 

Celles-ci semblent se télescoper pour mieux rebondir hors de leur affliction,

J’aimerai alors les suivre, me quitter, déchirer toutes mes coutures.

 

Je ne suis ici qu’en possession, ayant profité des meilleures conditions.

J’ai signé pour un bail précaire, je vais sortir par les vestiaires.

 

Celle-ci se croit dans un western, regarde le flingue qu’elle pointe par dérision.

« Il y en a une de nous qui est en trop ici » ; sûrement celle qui peut me plaire.

 

Celle-ci ressemble à un whippet, un chien qui pense qu’être champion

Permet à la postérité de les forger dans le marbre de la légende.

 

Comme si la mort des vainqueurs n’était qu’un passage vers plus de dévotions,

Malheureusement, elle partira avec moi, là où vont ceux qui prétendent,

 

Au fin fond d’un trou qui ne trompe pas sa destination

Même si certains l’appelle paradis, d’autres mystérieuse xénolite,

 

Je pourrai porter des gants et ne plus lire ma finition,

Mais je te parle, tu m’écoutes, nous sommes là, petite.

 

Les tâches sont propices à la zooglée et à la tentation.

 

Elles pullulent pour me faire croire

Qu’elles racontent mon histoire,

 

 Alors que je sais très bien

Que c’est moi qui les retiens.

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