L'ignorance de la nature
Est-ce une azalée ou un cyclamen, cette fleur légère qui effleure ton épaule ?
Si je ne puis décrire ton visage, comment le pourrais-je du paysage qui t’encadre ?
Tes yeux semblent fanés derrière une branche épaisse qui souligne ta blancheur.
Un moineau, pinson, sansonnet, que sais-je, sautille à tes pieds lourdement chaussés.
Tu écrases une tige entre tes doigts et le jus jaillit ; tu broies de plus belle et tu jettes.
Un arôme âcre monte à tes narines ; tu portes tes doigts à ton nez et tu grimaces.
Tu t’attaques à un buisson qui se dévoile épineux, mais tu refuses de pleurer, pas maintenant.
Tu m’observes t’observer et tu sais que je ne sais rien de ce parc que tu saccages de ta rage.
Tu piétines des pétales, tu arraches des écorches, tu cours après de futiles volatiles.
A peine je reconnais des pâquerettes, qu’elles disparaissent sous ton aveugle colère.
Soudain tu te figes, ton souffle se calme, tu écartes tes cheveux et tu me reconnais.
Tu t’avances vers moi et ta main s’abat violemment sur ma joue qui se couvre d’odeurs.
Je me rappelle les bois, les chênes, les ormes, les aubépines et ton rire qui ne ressemblait qu’à toi.