Monstres monstrueusement hilarants
Mon mari est un grand fan de scènes cryptiques,
non de celles dont les indices sont rares et précieux,
les limiers fins, les seconds bavards et typiques,
mais des scénaris aux effets spéciaux spécieux,
où des monstres incroyablement pharaoniques
dévastent, dévorent, défoncent décors en carton
et figurants soucieux de hurler leur réplique.
Requins volants, lézards géants, seins en béton,
dinosaures articulés, mandibules carrées,
combats homériens face à chauve-souris lucides,
duels fatals contre des insectes mal barrés,
sacrifice du héros sous les glaviots acides.
De l'hémoglobine à foison, du sang, des morts,
des cadavres éclaboussant la prude caméra ;
mon mari en pleurs : des spasmes agitant son corps,
jusqu'à ce que n'en pouvant peste ni choléra,
il se tord d'un rire effroyablement stupide,
menaçant, devant ce festin, de compisser ;
le suspens morbide et la poitrine avide
se battant âprement pour sa vue épicer.
Si nous étions les seuls devant ce film débile,
je demande le droit de ne pas apparaître
dans cette médiamétrie aux mesures obnubiles,
car je n'étais là que pour critiquer mon maître.