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Je lis,j'écris,je ris...ou pas
2 juin 2013

Le monde perdu

PREAMBULE

 

Une fumée noire irradiait des sphères concentrées

Lançant des éclairs, des idées, des modes rejouées :

Défilement du futur face au  poids du passé,

Du lavage des cerveaux aux erreurs recyclées.

 

C’est une scène d’outre-tombe où la lumière se tait,

Où le silence pèse plus qu’un infamant secret,

Où une femme étouffée sous un châle négligé

Jetait des sorts à une marmite qui complotait.

 

Au bout de ces doigts crochus, la sorcière tremblait,

Touillant d’une louche d’acier le destin scellé,

Dévoilant là un os, ici un œil poché,

Perçant les bulles d’un rire d’enfant apprivoisé.

 

Fidèle aux clichés qui créent son identité,

Elle arbore vraie verrue, fausse vertu, pomme croquée,

Grimoires cryptées, grimaces crispées, banane flambée,

Chat noir, chapeau pointu, moine chafouin, charme désuet.

 

Un balai sous sa jupe, des souliers sur ses pieds,

Elle ondoie, ondule sur des effrois mijotés,

Invoque le Mal, moque le bien, caresse la beauté

Et pense à rajouter du caramel salé.

 

Ses joues ravinées accueillent les larmes desséchées

D’une vie perdue à perpétuer les regrets,

A fleurir les cercueils et faner les pensées,

A lire ce qui s’écrit sans mémoire à bercer.

 

Les croyances sont fragiles comme un frêle nouveau  né,

Qu’un souffle trop proche peut faire éternuer,

L’ébranlant dans son corps de déroutante poupée,

Dans sa foi en la main chargée de l’animer.

 

COMMENCEMENT

 

Au début, tout était un était indistinct,

L’herbe n’était qu’un élément d’un décor géant,

Où tout était hostile confinement d’instinct ;

Les montagnes étaient soulèvement du néant.

 

Et puis ce fut. Ce fut un réveil d’inconscience,

Un sursaut devant le déchainement des ombres,

Une envie de remplir les espaces d’insouciance,

De dessiner des amis, des moutons en nombre.

 

Le noir serait toujours habillé de linceul,

Le vide serait toujours serti d’éclats de rire,

La mer serait plongée dans les lignes de l’aïeul

Mais un œil serait cerné pour aimer maudire.

 

Ils jaillirent plusieurs des volcans et des falaises,

Maitrisant l’océan, détrônant les frayeurs,

Couronnant les massacres, réjouissant les malaises,

Enrobant les mystères, chevauchant les ardeurs.

 

Emanations de l’inconnu, ils se lovaient

Dans les failles, dans les plaines, dans le vent, dans les cœurs,

Exigeant des prières, des coutumes, des couvées,

Des barrières, des costumes, des damnés, des rancœurs.

 

Ils se forgèrent des formes, des services, des talents,

Qu’ils vantaient auprès de celui qui soupirait.

Bienveillants et intolérants, ambivalents,

Ils s’offraient à celui qui voulait soutirer.

 

Ils étaient dieux, esprits, droits, symboles, causes, chimères,

Faillibles, invulnérables, corruptibles, exemplaires,

Ils mariaient le meilleur et le pire éphémère

Répondant au lieu, à l’heure, aux besoins à plaire.

 

Les lois du monde leur imposèrent des attractions,

Des forces, des limites, des gravités, des tabous.

Le jeu des hommes leur voua des contradictions,

Des farces, des pulsions, des vacuités, des mots doux.

 

CREATION

 

Le monde était lumière, la lune face cachée.

Les rivières étaient courant, les fleuves crue emprise.

La pluie était prospère, l’orage de l’eau gâchée.

Le soleil était brillant, la chaleur surprise.

 

Des idées de genèse germèrent en confusion

Pour éclairer les ténèbres et poser l’échelle

Des peuplades aux génuflexions à contusion,

Des sélections spontanées et sacrificielles.

 

Pour certains, une graine déchira les limbes sanglantes,

Dans un vagissement arrosé de victoire,

Pour bourgeonner au gré d’une castration régnante,

Offrant la mort et offensant le dérisoire.

 

Pour d’autres, un désir emplit la jouissance du ciel,

Un ennui d’éternité, une envie d’échec,

Transplanta une once d’âme dans un souffle matériel

Et donna le droit de se croire l’élu du chèque.

Pour certains, un vénérable vainquit le serpent

Détestable, le rompit, le mangea, l’expulsa

En de multiples boules repoussantes, fertiles d’arpents,

Fit de sa peau un tambour qui rythme la salsa.

 

Pour d’autres, un tout se brisa dans l’accouplement,

Créa le négatif,  le sûr, le féminin,

Le masculin, la rage, l’espoir, l’accablement

Et l’impression d’être toujours seul dans son destin.

 

Pour certains, un éclair zébra un horizon.

Pour d’autres, une énergie explosa de vivre.

Pour certains, le rien se délivra une raison.

Pour d’autres, l’origine est racontée dans Le livre.

 

DEVELOPPEMENT

 

Les grottes s’animèrent sous des dessins expiatoires,

Rendant hommage à l’agilité des chasseurs,

A la finesse des proies, aux faveurs de l’histoire,

Exorcisant le feu pour appeler l’honneur.

 

Se vénèrent le soleil, le blé, les scarabées,

La beauté, la sagesse, l’adultère, les vaches,

Les têtes d’éléphant, les boas à plumes galbés,

Les vierges de sang, les reines au nez court et le hash.

 

Chacun eut droit à son quart d’heure d’épopée,

Multipliant les exploits pour nourrir sa foi,

Brandissant ses mots, son sexe et parfois son épée

Pour grimper sur le char qui dépasse le Surmoi.

 

Le plus dur n’était pas de naître, il fallait être :

Naître d’une cuise ou d’un hymen intact en impose,

Mais ne suffit pas quand il s’agit d’être le maître.

Il faut des rivaux, une barbe, des miracles, une pose.

 

Il faut un astre, une cour, une folie, des rédacteurs.

Il faut un sort, un culte, une voix, un choix, des scènes.

Il faut un sacre, une fureur, des prédicateurs

Et il faut une mort : donnée, vécue ou en veine.

 

Il faut choquer, laisser permettre tous les fantasmes,

Coucher avec sa sœur, se lier d’affinité

Avec un mâle cornu, simuler un orgasme,

Savourer ses enfants, violer avec doigté.

 

Il faut défendre des honneurs, concilier des rois,

Choisir un camp, le trahir, suivre le vrai du jour.

Il faut commettre des horreurs, résilier des lois,

S’incarner ailleurs et autrement par amour.

 

MYTHES

 

A ma gauche, le héros maudit qui tue son père,

Ecoute les oracles et abandonne son épouse.

A ma droite, le héros maudit qui souffre l’amer,

Combat, combat, combat, meurt sous une main jalouse.

 

Ici, un dieu de la guerre, là une fine déesse

De la famille ; entre deux, une rivalité

Pour savoir qui tient le plus long foyer en laisse.

En haut, un arbitre qui soigne sa partialité.

 

Et voici, un vaisseau  jaillissant du savoir,

Loin d’être envahisseur, se rend initiateur,

Abreuve l’espace-temps d’un labyrinthe de miroirs,

Repart en laissant des empreintes d’admirateurs.

 

Maintenant, quelques korrigans, lutins, elfes, trolls,

Enfouissent des trésors, s’infiltrent seigneurs des vanneaux,

Soutiennent les hobbys, réparent les torts sur parole,

Tombent les personnes de petite taille dans le panneau.

 

Il était une fois aussi la promise sorcière,

Filant l’ortie pour veiller aux chevaleries,

En ces lointains où les princes charmants sont poussières

D’étoiles qui scintillent dans les yeux des bergeries.

 

Quand un Dieu ne suffit pas ou qu’il exige trop

De péchés, on ouvre la boite des droits substituts :

Liberté à l’église, équité au bistro.

La raison trône dans l’erreur et les instituts.

 

Les mêmes tics s’héritent dans les gènes, répliques humaines

D’un infiniment petit aux souches bénéfiques

A un infiniment grand aux noms de domaines,

Où tout se créé, se transforme, se croit, se trafique.

 

FIN

 

Osiris est découpé, Sisyphe écrasé,

L’or inca fondu, le totem indien vendu,

Le vaudou est touristique, le pontife comique,

Thor est au cinéma, Toutatis un gaulois,

Musulman terroriste, catholique extrémiste,

Les jeux sont faits, même les casinos sont défaits,

L’argent est peut-être dieu mais ses rêves sont si vieux.

A peine une défonce, quand la fin du monde s’annonce.

Juste les guerres justes protestent au gré de pieux prétextes,

Car pour toujours, même si la faux ne passe leur tour,

Les hommes croiront qu’un sens préside dans leur naissance.

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