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Je lis,j'écris,je ris...ou pas
1 mai 2013

Le radeau vivre

Texte très dur inspiré de Rimbaud

 

Comme je descendais des Enfants impassibles,

Je ne me sentais plus guidé par la douleur :

Ces mioches criards n’étaient plus que des cibles,

Des ayant droits mus par des instincts voleurs.

 

J’étais enivré par l’odeur du carnage,

Porteur de doux mamans ou de tristes palais.

Quand avec leurs ardeurs ont fini ces tapages,

Les Enfants m’ont laissé descendre qui je voulais.

 

Dans les crépitements furieux des curées,

Moi, l’autre soir, plus saoul que l’émoi d’éléphants,

Je jouissais ! Et les entrailles défigurées

N’ont pas connu accouchements plus triomphants.

 

La mitraille a béni mes assauts légitimes.

Plus méchant qu’un joker, j’ai tiré les pâlots

Qu’on appelle les briseurs innocents de l’intime,

Dix fois, sans pleurer l’œil bleu des bibelots !

 

Plus sûre qu’aux journaux le prix de la censure,

La balle pénétra le cœur du galopin

Et des taches de sang au coin des commissures

Le lava de son air sournois de poupin.

 

Et dès lors, je me suis noyé dans le Baptême

De la Mère, jeu du désastre adolescent,

Aveuglant les cils ouverts ; où, vide suprême,

Je ravis les âmes de corps déliquescents ;

 

Où peignant par à-coups les cloisons de collyre

En saccades berçantes sous les beaux discours,

Plus bavards que l’écho, plus vivants que vos lires,

Renaissent les vibratos d’un plaidant amour !

 

Je sais les vieux espoirs se heurter à leurs tombes

Et les sursauts et les mourants : je sais les voir,

Je sais leur sourire, avant qu’ils ne succombent,

Et je sais ce que l’homme aurait voulu savoir !

 

J’ai vu les fronts lisses, cieux de soupirs mutiques,

Se dévoilant de fins filaments douillets,

Identiques à des constellations agnostiques

Les mots repoussant les prières endeuillées !

 

J’ai rêvé l’auréole aux blondes énergies,

Source figeant les yeux d’amers annonciateurs,

La succession de foudroyantes allergies,

Et l’éveil en fanfare de purs maîtres chanteurs !

 

J’ai suivi, sur écran, modèles de tueries,

Psychopathes illustres à l’assaut des poncifs,

Pour songer que les corps alignés des séries

Peuvent forger le zéro au destin poussif !

 

J’ai cherché des chaines et trouvé des guides

Mêlant aux choix de vie critères d’oripeaux ;

Des hommes vus du ciel comme des bêtes languides

Survivant par le fiel, s’honorant de troupeaux.

 

J’ai vu fomenter des causes informes, masses

Grouillantes de complots, pavoisant les battants !

Ralliements d’extrêmes au milieu des grimaces,

Milices tenues par la haine de l’instant !

 

Charniers, cervelles en fleurs, flots carmin, mayonnaise !

Amoncellements creux d’os et de dents communs

Où les enfants gênants façonnés dans la glaise

Gisent, les troncs tordus, racines de nerpruns !

 

J’aurai voulu montrer au monde ces bravades

De piteux, ces chaussons d’or, ces chaussons dansants.

- Mes inspirations ont dessiné des charades

Et d’ingérables vents m’ont aidé à l’encens.

 

Parfois, fantôme dressé sur des épaules atones,

Un prof dont la morve s’épiait en coulis roux

Pointait sa force brisant l’air monotone

Des sanglots longs, et ne finissait pas jaloux…

 

Presque ivre, titubant sur ma suave aquarelle

Et les brassées d’héros chapardeurs de tromblons.

Et je visais, d’un calme olympique naturel

Ces broyés du futur passé au mamelon !

 

Moi, martyr perclus de frissons et de malchance,

Banni par l’intrigant et le pompeux bedeau,

Moi dont les volontés et la tragique clairvoyance

Ne seront repêchées qu’au plaisir d’un rondeau ;

 

Libre, fumant, cerclé de bouches écarlates,

Moi qui trouais les corps noircissant en armures

Qui cachent les figures exquises des acrobates,

Les haines de basses cours et les envies d’allure ;

 

Qui tirais, souillé de pensées impudiques,

Mécanique, enraillée par des crampes au pendoir,

Quand un gosse s’écroulait dans un spasme esthétique

A même d’ébranler mon funeste étendoir ;

 

Moi qui flanchais, voyant poindre les loupiottes bleues

Des brutes aux sigles veules et aux fuyantes épées,

Cœur immortel face aux impossibles aveux,

Je souhaite que mon nom soit signe de toupet !

 

J’ai vu des policiers sidérés ! Et débiles

Devant ma mise en scène et ma saine vigueur :

- Sont-ce des yeux humains qui luisent et jubilent,

Qui offrent ce massacre comme un mauvais blagueur ?

 

Vrai, vrai, j’ai trop parlé ! Vérité est givrante.

Tout mot tue mon aura, pour être je dois me taire :

Le macabre m’a gonflé de valeurs enivrantes.

O que mes morts me portent ! O quel glorieux mystère !

 

Si je désire une fin à ce sanglant panache,

C’est un procès bâclé qui laissant présumer

Que j’ai agi par haine, propage ma ganache

Et enflamme les fous qu’un rien peut allumer.

 

Je ne suis plus, nimbé par les médias, qu’une arme,

Qu’un rond noir de suie et porteur de notions,

Qu’une traversée d’orgueil assoiffé de vacarme,

Pourtant je suis un homme cherchant sa solution.

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