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Je lis,j'écris,je ris...ou pas
23 février 2024

J'ai sorti mes palmes (je préfère t'écrire plutôt qu'à ma femme)

J’ai mis mes palmes.

J’ai revêtu mes palmes et mon tuba, alanguissant mes chevilles d’une démesure attendrissante, ébaudissant mon spectaculaire dynamisme d’une claudication clownesque mais gagnante, pour le plaisir d’ébattre violemment la surface mollement résistante de la liquéfiante luxure, de la grandiloquente profondeur où le pied est marin et la main revigorante.

J’ai brandi mes palmes, mon tuba et mon maillot profanateur, dans l’objectif de pourfendre les flots, sillonner l’averse immobile, labourer la piscine, abreuver l’océan virtuel et ses fantasques va-et-vient, ses chatoyants balancements, ses nauséeux ondoiements qui soulignent ma virtuose avancée, mon gracieux ciselé, sculptent ma longévité athlétique et mes mollets délestés de leur facilité.

J’ai endossé mes palmes, mon tuba, mon maillot et mon rôle d’attirail afin de combattre les bourrelets frappés de gravité, les platitudes d’une horizontalité indigne, si pue prodigue, les circonvolutions d’un arrangement trop timide avec la cabine exiguë d’un vestiaire impraticable sans l’avertissement anti-glissade d’un employé zélé et délétère lorsque son regard se glace sur mes pieds palmés qu’un col vert cacherait par un plongeon déguisé en chasse aux proies téméraires.

J’ai enfilé mes palmes, mon tuba, mon maillot, mon poitrail bombé et mon bonnet ridicule pour épater une galerie au miroir flatteur car ébréché, à la douche chaleureusement aléatoire et au jeton oublié dans un caddy désolé sur un parking bondé.

J’ai embroché mes palmes, me suis approché du bord, accroché à l’échelle, hameçonné précautionneusement dans l’eau dite tiède mais soupçonnée de recéler des substances potentiellement hystériques si découvertes par une nudité peu tolérée.

J’ai engoncé mes palmes, établi mon kilomètre par une propulsion mécanique quelque peu contrariée par des partenaires peu conciliants, obligeant à de fréquents changements de destination, comme si l’aventure ne pouvait être linéaire sans sembler ordinaire, blasphémant l’exploit d’un nageur arithmétique et régulier dans sa pratique dominicale sauf vacances et vidanges nécessaires.

J’ai trempé mes palmes, leur faisant perdre leur rigidité pour les réchauffer à la cadence soutenue d’une brasse énergétique, engagée dans un sursaut de volonté face à l’adversité coriace d’un appétit de farniente et la tentation illimitée de n'être dépendant que de sa condition d’être vertébré dont la position couchée se préfère entre de beaux draps.

J’ai retiré mes palmes sur mes orteils fanés, admirant leur rotondité, leur flexibilité, leur lasciveté et leur perplexité d’avoir été encloisonnés dans du caoutchouc à l’imagination bridée et infertile lors que la caresse des vagues les chatouille d’un courant singulier, reposant, révélateur, propice à la réflexion plantaire.

J’ai rangé mes palmes, mon tuba, mon maillot identitaire, libérant mon absence de cheveux de leur cloitre imperméabilisant au spectacle saugrenu d’un corps impudique dans un monde de quand-dira-t-on, libérant un soulagement de succion lorsque la chair rejoint le frisson d’une serviette détrempée par les efforts titanesques de s’épargner la contagion d’une ambiance bruineuse et bruissante, aux échos rebondissant sur les maîtres pour s’échouer sur les transats.

J’ai mangé mes palmiers après les avoir imbibés dans un thé bien échauffé. Je me suis allongé devant la télévision pour regarder un feuilleton bien huilé de prévisibilité, je me suis détendu le cerveau avoir m’avoir enjolivé les cuissots. J’ai fait la planche et mes suis mis à ronfler dans le creux formé par mon oreiller et mes épaules bien tassées.

J’ai rêvé de mes palmes, académiquement indiscernables, alourdissant mon fessier pour dégourdir mon tracé, projetant des gerbes glorieusement éphémères, quoique dérangeantes, sur des congénères dévêtus, professant leur meilleure injure à mon approche déterminée par un manque de finesse et une ligne de démarcation efficace pour se détacher de l’attraction physique d’un milieu aquatiquement prépubère.

Avec mes palmes, je suis beau. 

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