La complainte du rossignol
Je le supplierais de s’éloigner des empereurs,
Puis je commencerais à m’ennuyer un peu,
Car de rossignol je n’ai jamais vu la couleur.
Je soulignerais sa grâce en espérant qu’il en fût ainsi,
Je sifflerais son chant en sachant que le merle pourrait m’en tenir rigueur.
Je préciserais son sens du devoir, sa volonté inébranlable et son cœur vaillant,
Puis je rajouterais que, de ce fait, il ne vit pas vieux.
Je flatterais quiconque l’apprécie dans ses faiblesses et conspueraient ceux qui ignorent jusqu’à ma louange.
Je me confondrais avec son esprit, penserais rossignol, mangerais rossignol, dormirais rossignol, rêverais grand aigle royal.
Je m’élèverais avec lui sur la branche rebelle et apporterais au monde un texte à sa hauteur.
Encore faudrait-il que nous trouvions un vent porteur.