Pour toujours avec dieu
Si mes certitudes étaient peu fondées,
Maintenant elles sont exaucées,
Vous existez et me voilà avec l’éternité.
Ce n’est pas que je voulais plus d’ardeur,
De combat, d’énigme et de grandeur,
Mais le suspens se marie mieux avec la candeur.
Je suis bien aise de n’être réduit à poussière
Qui redevient etc et d’approcher la lumière
De mes doigts incertains qui filent la matière.
Entre nous, vous et moi, ce n’est pas un peu morbide,
Ce mystère pour un tout où se mélange le vide,
Le bien, l’ultime et décisif déicide.
C’est donc vous le seul et l’unique triomphateur
Des fois et des instincts timorés du parieur.
Mais qui empoche le gain d’un choix franc-tireur ?
Vous me permettez d’être circonspect quant à votre don.
Je suis immortel, soit ; je reste jeune et blond,
Mais puis-je être heureux en même temps que second.
Vous êtes omniscient, omnipotent ; moi je ne sens
Ni la soif de l’absent ni la faim du présent,
Juste la faveur que vous me faites d’être méritant.
S’il est vrai que je n’ai ni volé, ni tué,
Je ne sais les péchés que j’ai oubliés,
J’ai peut-être commis des fautes à pardonner.
Si je suis ici, c’est que j’ai eu l’absolution
Ou alors cet ensemble est une grande mystification,
Le monde entre et sort comme il veut et vous êtes l’action.
Si je ne puis mourir, dois-je vous adorer,
Je préférerais prier pour ceux que j’ai laissé,
Mon destin est fini, mon amour ne veut se figer.
Qu’en est-il de ce que vous avez promis,
Les plaisirs célestes, la sagesse, l’absence de soucis,
La réunion des âmes, un peu mièvre cette bondieuserie.
Je n’ai rien contre la douleur quand elle m’offre un soupir,
Brûler auprès de votre splendeur me semble bannir
L’idée d’un paradis où les sens peuvent s’épanouir.
Je ne veux poins vous juger, encore moins vous accuser
De guerre, chagrin, effroi et autres billevesées.
Je suis là, avec vous, pour l’éternité.